Voilà ce que nos enfants-testeurs ont testé de pire et surtout de meilleur
en famille, en ludothèque, en bibliothèque, en crèche, voire à l'école !
Nos tests ont lieu pendant au moins un mois avec 10 enfants minimum.
4 étoiles : Approuvé à l'unanimité
3 étoiles : Approuvé par la plupart des enfants
2 étoiles : Pas mal !
1 étoile : Bof !

mercredi 9 septembre 2015

L'évolution des dessins de l'enfant.

Le dessin est une des activités favorites des enfants. Ils y consacrent de manière naturelle un temps considérable. Les parents s'interrogent sur leur production : Mon enfant est-il en retard ? en avance ? Que signifie ce dessin ? Voilà quelques réponses... 
   
L'évolution du dessin d'après Luquet

Au début du XXe siècle, Georges-Henri Luquet a décrit les 4 phases du dessin de l'enfant (à partir de 2 ans) notamment en analysant les dessins de sa fille, Simone. Les tranches d'âges sont bien sûr proposées à titre indicatif.

   








Jusqu'à 2 ans  :
La production graphique spontanée.
Il s'agit de ce qu'on appelle communément des gribouillages. Il n'y a pas de volonté de représentation. Le dessin est alors : 
- une expérience motrice. L'enfant prend la mesure de son corps agissant.
- une expérimentation de ses capacités à intervenir sur le monde qui l'entoure.
- une exploration du matériel mis à sa disposition et de leurs effets : crayons, pinceaux, feutre, peinture, etc. Cette exploration peut dépasser le cadre de le feuille ou du tableau et peut être réalisée sur les murs ou sur tout autre support intriguant l'enfant. A vous d'être vigilant et d'instaurer des limites...
Et puis, tout simplement, dessiner procure du... plaisir à l'enfant !

     










De 2 à 3 ans :
Phase n°1 : Le réalisme fortuit :
La motricité de l'enfant s'est affinée. Les développements graphiques sont alors plus précis, plus contrôlés. Il n'y a toutefois toujours pas de volonté de représentation. C'est une fois que le "dessin" est réalisé que l'enfant, par le biais d'analogies, identifie sa production. D'ailleurs, si vous demandez à votre enfant ce que représente le même dessin le lendemain, pas sûr qu'il vous donne la même réponse.
Exemple : Le dessin illustrant ce paragraphe. La fillette a d'abord réalisé le dessin sans anticiper une quelle conque représentation. Quand l'ensemble fut terminé, elle m'a affirmé que c'était de "l'herbe". Ressemblant, non ?  

De 3 à 4 ans :
Phase n°2 : Le réalisme manqué :
L'enfant anticipe, souhaite dessiner des objets existants, l'entourant. Cela dit, la motricité fine n'est souvent pas assez développée pour que lien entre le dessin et l'objet ne soit évident pour les adultes.
  













De 4 ans à 8/9 ans :
Phase n°3 : Le réalisme intellectuel :
L'enfant dessine alors tout ce qu'il sait exister et non pas ce qu'il voit. Il va donc réaliser des voitures où les jambes du conducteur seront visibles comme par transparence ou des maisons dont tout l'intérieur est dessiné. Le dessin ci-contre illustre bien cette phase : on perçoit bien le grenier, les 3 chambres, l'escalier, le salon et les habitants de la maison. 

A partir de 8/9 ans :
Phase n°4 : Le réalisme visuel :
L'enfant réalise ses dessins avec pour objectif d'illustrer le monde l'entourant le plus fidèlement possible, en fonction de ses capacités. C'est à partir de cette phase que l'enfant peut intégrer la perspective dans ses productions. 

Bien sûr, ces évolutions sont aussi fonction des demandes des parents et de l'école.
   
L'évolution du bonhomme







1. Vers 2 ans, les gribouillages peuvent prendre une forme relativement circulaire, voire de tourbillon.  









2. Vers 2 ans et demi, les enfants dessinent des cercles. Ils peuvent les remplir et progressivement les transformer en soleil, en général vers 3 ans. Un soleil ? Mais, ce sont les prémices du bonhomme-têtard !!!




3. Le bonhomme têtard apparaît vers 3 ans.




4. Vers 4 ans, le bonhomme têtard devient plus détaillé : un nez, des yeux, une bouche, 4 membres, des pieds. 









5. Vers 5/6 ans, le tronc fait son apparition.
  






6. Vers 6 ans, le bonhomme est complet. Des détails y sont ajoutés : des doigts, des cheveux, etc. Il y a parfois ajout d'éléments. Dans le dessin ci-contre, le bonhomme a 8 doigts par main, par exemple. On ne le dira pas à la maman illustrée sur ce dessin qui, en plus de ses 16 doigts, possèdent tout de même 5 cheveux (pas un de plus !) bien droits sur son crâne.    

7. A partir de 8 ans, le dessin du bonhomme devient équilibré, cohérent avec l'ensemble du dessin. Cf : le dessin ci-dessus sur Noël.  

Dès l'entrée en Petite Section, le dessin du bonhomme fait l'objet d'un apprentissage formel. De même, certains parents poussent leurs enfants à dessiner avant 3 ans. Les âges cités ci-dessus sont donc particulièrement variables en fonction du développement de chaque enfant, mais aussi en fonction des sollicitations dont il est l'objet.
     
L'interprétation des dessins d'enfants

Les dessins d'enfants sont très utilisés dans l'examen psychologique. Cette analyse ne peut en aucun cas être effectuée par tout un chacun. Les pédopsychiatres et psychologues utilisent les dessins des enfants dans un cadre très particulier. Les spécialistes discutent du dessin avec l'enfant au moment de sa production, pas a posteriori. Ils prennent également de nombreuses précautions quant à la manière d'interroger l'enfant pour éviter de lui suggérer des réponses. Tout cela est bien plus complexe qu'il n'y paraît.
Sans cela, on peut parvenir à des interprétations dénuées de sens. Deux exemples pour illustrer cela :

- Exemple n°1 : le dessin ci-contre : à 4 ans et demi, la fillette qui a effectué ce dessin a représenté "une femme-clown enceinte et morte". La "jupe" noire représentait le fait qu'elle était morte et le gribouillage représentait le foetus. Tout cela semble fort morbide pour cet âge. Mais en discutant avec les parents de la fillette, on apprend que son grand-père paternel est décédé la semaine précédente (normal que la mort l'intrigue...) et que cette fillette demande depuis plusieurs mois à sa maman un petit frère ou une petite soeur supplémentaire. Tout s'éclaire... Elle a mêlé toutes ses préoccupations du moment dans un seul dessin.

- Exemple n°2 : une amie enseignante en petite section m'explique qu'elle s'inquiète pour une fillette plutôt intelligente qui, lorsqu'elle fait de la peinture, finit toujours par lui rendre une feuille couverte de peinture noire. Elle se demande ce qui la trouble à ce point. Je lui confie alors que, moi-même, en maternelle, je faisais la même chose car je n'étais jamais satisfaite de ce que j'avais peint. Je finissais par tout couvrir de noir. Après avoir discuté avec la fillette, elle s'est finalement aperçue que cette dernière n'avait pas de problème particulier : comme moi, elle n'appréciait pas ses peintures. Là encore, rien de dramatique... 

Le dessin, à la maison, doit rester une activité de plaisir. Inutile de vous inquiéter sur les âges précisés dans cet article. Il n'y a pas d'obligation en la matière. Certains enfants sur-investissent cette activité et y développent de véritables compétences. D'autres préfèrent d'autres activités et proposeront éventuellement des productions moins évocatrices pour l'adulte. Peu importe... L'essentiel, c'est qu'ils puissent s'exprimer, imaginer, rêver, développer leur créativité... 

Pour plus de détails :
COLLECTIF, Le dessin de l'enfant, Paris, La pensée sauvage éditions, 2004 (1996).
VINAY (A.), Le dessin dans l'examen psychologique de l'enfant et de l'adolescent, Paris, Dunod, 2007.
http://www.unilim.fr/sceduc/IMG/pdf/dessin_bonhomme_diapo.pdf : les illustrations des bonhommes-têtards sont empruntés à ce document.

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